Compte rendu de quelques jours en Comté juillet 2009
Nous avons récemment complété notre connaissance de l’Est parfois extrême, en traversant et séjournant en Jura/Franche Comté, une région qui évoque pour certains plus l’hiver que l’été.
Les paysages sont à la fois reposants et tourmentés.
Reposants en été par :
l’abondance des forêts, des prairies, des lacs naturels ou artificiels aux couleurs d’eau variées : du vert gris céladon au bleu intense, suivant la profondeur, la lumière, la saison, les roches avoisinantes.
les plateaux, avec des hameaux et des clochers, des légères ondulations de prairies émaillées de bois, quelques vaches, invitent au calme.
Tourmentés
par l’ampleur des plissements géologiques, qui font onduler le paysage et, de ce fait, les routes, qui passent d’un val à l’autre.
aussi en hiver/ saison froide, car les maisons des plateaux, voire les églises, sont recouvertes de plaques de tôle sur un pan de façade ou deux, pour les protéger des intempéries, l’utile pour le résident étant privilégié par rapport à l’agréable pour le passant.
Les couleurs franches de la végétation tendent à montrer que les collines et monts parviennent à retenir quelques nuages et des pluies tout au long de l’année...A l’instar d’autres reliefs, la contrée n’est pas en reste d’humidité.
Quadriller la Région des Lacs, à latitude de Lons, permet d’englober les charmes de ce petit monde.
Pour faire un autre point sur la végétation, nous avons apprécié Malbuisson, sur le lac de Saint Point, proche de Pontarlier, avec quelques restaurants à fourchettes (classement sous la baguette du guide rouge), des oiseaux aquatiques en contrebas, une fumerie de saucisson, etc.
Parmi les quelques villes visitées ou traversées, un résumé de ce que nous avons vu. Comme la Franche Comté est assez rurale et loin des circuits, et en province, un minimum de planification s’impose. On baisse rideau à l’heure du déjeuner et on restreint les horaires en dehors des vagues de transhumance des bestiaux. Pour ne pas se casser le nez, ni la pipe, mieux vaut étudier auparavant son parcours, avoir un guide à jour.
Dôle a globalement retenu notre attention. Un centre historique globalement bien préservé, des palais, des abbayes recyclées, le Doubs en contrebas avec des petites écluses pour le Canal du Rhône au Rhin et l’alimentation de l’ex quartier des Tanneurs. Un musée des beaux arts petit, mais gratuit et avec des œuvres intéressantes du 15e au 20e siècle (figuration narrative)
Saint Claude a la physionomie d’une petite ville industrielle encaissée, à l’attrait limité. Le site est cependant intéressant avec une ville haute et une ville basse. L’intérieur de l’église de l’ex abbaye recèle des stalles du 15e siècle, sculptées sur trois niveaux, de toute splendeur. Nous n’avons pas visité le nouveau musée de l’Abbaye (fonds d’art moderne plus expositions), ni le musée plus ancien de la pipe et du diamant. On y apprend que les bois locaux ne se prêtaient que mal à la fumée, et qu’une meilleure solution fut trouvée au 19e s. avec la racine de bruyère corse, à la fois plus appropriée au taillage de pipe et sans faux goût. http://www.musee-pipe-diamant.com/
Lons le Saunier est la capitale du Jura, pas laide du tout, notamment dans son centre ville, mais qui ne laisse cependant pas un souvenir impérissable. La patrie de Rouget de Lisle, nous a intéressés à deux titres. Une source d’eau salée proche du milieu de la ville rappelle que le Jura était sous une mer à l’ère secondaire (d’où aussi les différentes roches sédimentaires) et justifie l’appellation Saunier. Une illustre autre tête rougée, la Vache qui Rit, a pris naissance dans les années 20, en cette ville. Elle y a maintenant sa maison.
La saga de la Vache et des Fromageries Bel y est bien racontée. http://www.lamaisondelavachequirit.com/ . D’un point de vue de philosophie économique, elle rappelle le génie français (ou européen) de certains capitaines d’industrie du début ou du milieu du 20e siècle, dans le domaine des produits grand public, qui n’a été que peu renouvelé. Au début, la découverte ou la reprise d’une nouvelle technique ou technologie (ici permettre à des fromages tels que des comtés de mieux se conserver, grâce à la « fonte »), complétée par une maîtrise grandissante de process industriels (fabriquer en quantité et en qualité constante), d’une volonté d’expansion et d’exportation (ici vendre du fromage, en dehors du Jura, puis en dehors de France), et avec un effort continu d’utiliser la publicité, la promotion et de « coller » à ses consommateurs, aussi bien en terme de goût que de goûts. Ce talent et ce sens de la conquête s’est un peu estompé en France depuis. Manque de veine ou moins de cœur à l’ouvrage ?
Prendre l’artère principale de Pontarlier, permet de passer à proximité des principaux monuments et de réaliser qu’une porte triomphale est cousine lointaine de la Porte Saint Martin (dans Paris) érigée après la conquête de la Comté par Louis XIV. Ce sont surtout les alentours de la ville, qui ont du charme avec les cluses, dont celle dominée par le château de Joux (non visité). http://www.chateaudejoux.com/autour/index.html http://www.chateaudejoux.com/fortifications/index.html .
Entre Pontarlier et Dôle, nous n’avons fait que traversé Salins les Bains, inscrite depuis juin 2009 au Patrimoine Mondial de l’Unesco http://www.salins-les-bains.com/ .Plusieurs explications à cela : LE programme fixé, une ville où l’on sent la présence de vieilles pierres, mais qui demande(nt) à être rénovées ; enfin et surtout : nous avions lu que l’eau des thermes de Salins est comparable à celle de Carlsbad / Karlovy Vary, en Tchéquie, ville où nous avons été malades après avoir bu son eau censée soigner. Cela a échaudé et fait craindre. Salins était reliée à Arc et Senans, site choisi pour sa richesse en forêts à l’époque, par un saumoduc de 21 km. Ce n’est pas le saumon qui montait à Salins, c’est l’eau fortement chargée en sel (33%) qui descendait pour être chauffée et évaporée.
Dôle, Pontarlier et quelques autres sites rappellent que la Franche Comté n’a été rattachée à la France que depuis 1678 (par le Louis le 14e, après l’Alsace, diverses contrées du Nord-Pas de Calais et avant la Savoie sous Napi III), après avoir été pendant plusieurs siècles et par alternance, plutôt bourguignonne-habsbourgeoise-espagnole. Lors de notre passage aux cascades successives du Hérisson, une petite rivière 3* (guide vert), la reconquête était proche, car l’idiome très nettement le plus parlé était celui des anciens Pays Bas espagnols.
La montée par le Sud vers le col de la Faucille, au sud du massif jurassien, réserve de belles vues panoramiques sur le lac Léman en premier plan et une bonne partie du massif nord alpin, dont le Mont Blanc. Les abords de ce col ont cependant été trop fauchés pour permettre le ski en hiver.
Juste avant, à titre anecdotique, il y a abondance de plaques rouges parmi les résidents, non pas par allergie, mais parce que le Pays de Gex, dans l’Ain qui communique plus facilement avec Genève et la Suisse qu’avec la France, est zone franche depuis des décennies, donc avec des conditions particulières pour les véhicules des résidents.
Nous avions visité d’autres sites plus d’une dizaine d’années auparavant qui, bien que jurassiques, mais loin des Parques, ont eu le temps de changer, donc non évoqués.
En résumé, le Jura mérite un séjour ou un passage à la belle saison, notamment quand en direction du Sud-est. Conquis par le Roi Soleil, la Comté ne se réduit pas au fromage du même nom en été.
Nous avons récemment complété notre connaissance de l’Est parfois extrême, en traversant et séjournant en Jura/Franche Comté, une région qui évoque pour certains plus l’hiver que l’été.
Les paysages sont à la fois reposants et tourmentés.
Reposants en été par :
l’abondance des forêts, des prairies, des lacs naturels ou artificiels aux couleurs d’eau variées : du vert gris céladon au bleu intense, suivant la profondeur, la lumière, la saison, les roches avoisinantes.
les plateaux, avec des hameaux et des clochers, des légères ondulations de prairies émaillées de bois, quelques vaches, invitent au calme.
Tourmentés
par l’ampleur des plissements géologiques, qui font onduler le paysage et, de ce fait, les routes, qui passent d’un val à l’autre.
aussi en hiver/ saison froide, car les maisons des plateaux, voire les églises, sont recouvertes de plaques de tôle sur un pan de façade ou deux, pour les protéger des intempéries, l’utile pour le résident étant privilégié par rapport à l’agréable pour le passant.
Les couleurs franches de la végétation tendent à montrer que les collines et monts parviennent à retenir quelques nuages et des pluies tout au long de l’année...A l’instar d’autres reliefs, la contrée n’est pas en reste d’humidité.
Quadriller la Région des Lacs, à latitude de Lons, permet d’englober les charmes de ce petit monde.
Pour faire un autre point sur la végétation, nous avons apprécié Malbuisson, sur le lac de Saint Point, proche de Pontarlier, avec quelques restaurants à fourchettes (classement sous la baguette du guide rouge), des oiseaux aquatiques en contrebas, une fumerie de saucisson, etc.
Parmi les quelques villes visitées ou traversées, un résumé de ce que nous avons vu. Comme la Franche Comté est assez rurale et loin des circuits, et en province, un minimum de planification s’impose. On baisse rideau à l’heure du déjeuner et on restreint les horaires en dehors des vagues de transhumance des bestiaux. Pour ne pas se casser le nez, ni la pipe, mieux vaut étudier auparavant son parcours, avoir un guide à jour.
Dôle a globalement retenu notre attention. Un centre historique globalement bien préservé, des palais, des abbayes recyclées, le Doubs en contrebas avec des petites écluses pour le Canal du Rhône au Rhin et l’alimentation de l’ex quartier des Tanneurs. Un musée des beaux arts petit, mais gratuit et avec des œuvres intéressantes du 15e au 20e siècle (figuration narrative)
Saint Claude a la physionomie d’une petite ville industrielle encaissée, à l’attrait limité. Le site est cependant intéressant avec une ville haute et une ville basse. L’intérieur de l’église de l’ex abbaye recèle des stalles du 15e siècle, sculptées sur trois niveaux, de toute splendeur. Nous n’avons pas visité le nouveau musée de l’Abbaye (fonds d’art moderne plus expositions), ni le musée plus ancien de la pipe et du diamant. On y apprend que les bois locaux ne se prêtaient que mal à la fumée, et qu’une meilleure solution fut trouvée au 19e s. avec la racine de bruyère corse, à la fois plus appropriée au taillage de pipe et sans faux goût. http://www.musee-pipe-diamant.com/
Lons le Saunier est la capitale du Jura, pas laide du tout, notamment dans son centre ville, mais qui ne laisse cependant pas un souvenir impérissable. La patrie de Rouget de Lisle, nous a intéressés à deux titres. Une source d’eau salée proche du milieu de la ville rappelle que le Jura était sous une mer à l’ère secondaire (d’où aussi les différentes roches sédimentaires) et justifie l’appellation Saunier. Une illustre autre tête rougée, la Vache qui Rit, a pris naissance dans les années 20, en cette ville. Elle y a maintenant sa maison.
La saga de la Vache et des Fromageries Bel y est bien racontée. http://www.lamaisondelavachequirit.com/ . D’un point de vue de philosophie économique, elle rappelle le génie français (ou européen) de certains capitaines d’industrie du début ou du milieu du 20e siècle, dans le domaine des produits grand public, qui n’a été que peu renouvelé. Au début, la découverte ou la reprise d’une nouvelle technique ou technologie (ici permettre à des fromages tels que des comtés de mieux se conserver, grâce à la « fonte »), complétée par une maîtrise grandissante de process industriels (fabriquer en quantité et en qualité constante), d’une volonté d’expansion et d’exportation (ici vendre du fromage, en dehors du Jura, puis en dehors de France), et avec un effort continu d’utiliser la publicité, la promotion et de « coller » à ses consommateurs, aussi bien en terme de goût que de goûts. Ce talent et ce sens de la conquête s’est un peu estompé en France depuis. Manque de veine ou moins de cœur à l’ouvrage ?
Prendre l’artère principale de Pontarlier, permet de passer à proximité des principaux monuments et de réaliser qu’une porte triomphale est cousine lointaine de la Porte Saint Martin (dans Paris) érigée après la conquête de la Comté par Louis XIV. Ce sont surtout les alentours de la ville, qui ont du charme avec les cluses, dont celle dominée par le château de Joux (non visité). http://www.chateaudejoux.com/autour/index.html http://www.chateaudejoux.com/fortifications/index.html .
Entre Pontarlier et Dôle, nous n’avons fait que traversé Salins les Bains, inscrite depuis juin 2009 au Patrimoine Mondial de l’Unesco http://www.salins-les-bains.com/ .Plusieurs explications à cela : LE programme fixé, une ville où l’on sent la présence de vieilles pierres, mais qui demande(nt) à être rénovées ; enfin et surtout : nous avions lu que l’eau des thermes de Salins est comparable à celle de Carlsbad / Karlovy Vary, en Tchéquie, ville où nous avons été malades après avoir bu son eau censée soigner. Cela a échaudé et fait craindre. Salins était reliée à Arc et Senans, site choisi pour sa richesse en forêts à l’époque, par un saumoduc de 21 km. Ce n’est pas le saumon qui montait à Salins, c’est l’eau fortement chargée en sel (33%) qui descendait pour être chauffée et évaporée.
Dôle, Pontarlier et quelques autres sites rappellent que la Franche Comté n’a été rattachée à la France que depuis 1678 (par le Louis le 14e, après l’Alsace, diverses contrées du Nord-Pas de Calais et avant la Savoie sous Napi III), après avoir été pendant plusieurs siècles et par alternance, plutôt bourguignonne-habsbourgeoise-espagnole. Lors de notre passage aux cascades successives du Hérisson, une petite rivière 3* (guide vert), la reconquête était proche, car l’idiome très nettement le plus parlé était celui des anciens Pays Bas espagnols.
La montée par le Sud vers le col de la Faucille, au sud du massif jurassien, réserve de belles vues panoramiques sur le lac Léman en premier plan et une bonne partie du massif nord alpin, dont le Mont Blanc. Les abords de ce col ont cependant été trop fauchés pour permettre le ski en hiver.
Juste avant, à titre anecdotique, il y a abondance de plaques rouges parmi les résidents, non pas par allergie, mais parce que le Pays de Gex, dans l’Ain qui communique plus facilement avec Genève et la Suisse qu’avec la France, est zone franche depuis des décennies, donc avec des conditions particulières pour les véhicules des résidents.
Nous avions visité d’autres sites plus d’une dizaine d’années auparavant qui, bien que jurassiques, mais loin des Parques, ont eu le temps de changer, donc non évoqués.
En résumé, le Jura mérite un séjour ou un passage à la belle saison, notamment quand en direction du Sud-est. Conquis par le Roi Soleil, la Comté ne se réduit pas au fromage du même nom en été.
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