Quelques impressions de la capitale grecque, suite à une visite de plusieurs jours.
Connue pendant longtemps pour ses problèmes de circulation, Athènes a longtemps été considérée comme une ville de transit avant les îles ou un parcours antique. Depuis la digestion des JO et suite aux financements dodécacenaux de l'UE, la capitale est devenue plus présentable et mérite une visite de 2 à 4 jours.
En effet, 2 lignes de métro supplémentaires (en plus de l'antique), des axes piétonniers ralliant les centres d'intérêts touristico-culturels rendent la visite pédestre du centre-ville plus agréable, c-v qui lui s'inscrit dans un carré d'environ 3x3 km, les "attractions" encore sur une surface plus réduite.
Des immeubles officiels et certains quartiers ont été visiblement rafraîchis dans ce pays globalement chaud . le revers de la médaille: les prix tendent à devenir "européens".
Bien qu'Athènes se visite toute l'année, il est préférable, notamment pour les lève tard mais cultureux, de choisir sa saison:
- Des sites et musées ferment en basse saison à 15h00 !! D'autres à 17h00, même s'ils ouvrent à 8h30.
- Les dates de haute saison sont en outre variables: avril ou mai jusqu'à septembre ou octobre? La Pâque orthodoxe (calendrier julien différent et décalé, se renseigner, période rouge du jeudi saint au lundi) peut aussi éventuellement jouer des tours de broche: à éviter pour le touriste économe et non familier, qui craint d'être braisé. La température moyenne doit être d'environ 5°C supérieure à celle de France (mais les musées sont décemment climatisés et les églises, parfois minuscules, disposent de hottes aspirantes pour dégager les gaz et la chaleur des bougies allumées)
- Et bien sûr, au delà de vos contraintes et envies personnelles, les "promotions" avion des lignes régulières (AF, Olympic, Easy Jet en direct, un certain nombre d'autres compagnies avec escale/correspondance) et hôtel sont à prendre en compte. Quand tout se passe bien...compter un peu moins de 3 heures de vol en direct, 5 à 6 heures si en correspondance. Horaire décalé (une heure en été)
N'ayant pas peur d'être iconoclaste, dans un pays où les icônes ne laissent pas de glace , car elles sont sous verre, afin que les fidèles puissent les embrasser avec chaleur, je dirais que les principaux sites archéologiques de la ville peuvent s'admirer de loin (sinon, billet combiné 12 €):
la colline de l'Acropole est passablement recouverte de grues et d'échafauds pour longtemps, et en très haute saison de nombreux presque sans culottes (les shorts sont très courts cet été en Grèce); De loin le bâtiment garde en revanche sa magie. Son nouveau musée agrandi, a glissé sur le versant sud (ouverture en 2007, 2008, 2009: le calendrier grec est-il différent ??[ enfin ouvert depuis, sur le versant sud de la colline]). Pour les non-allergiques, les oeuvres éternuelles seront, grâce à TSCHUMI, un architecte français, mieux exposées dans le nouveau bâtiment. Histamine et historique avec stamina
la plupart des autres sites peuvent être bien visualisés à partir des grilles larges qui les entourent (agora grecques et romaines, temples, cimetière de keramikos, bibliothèque, etc.), à moins d'être un féru ginial et amateur de détails.
De plus près, les musées nous ont épuisés, bien que nous soyons des marathoniens du genre. 2 sont exceptionnels.
musée archéologique national: 7 € , 5 heures sur nos jambes, les yeux exorbités d'admiration, pause d'1/2 heure à la cafétéria exclue: les fabuleux masques en or et les bijoux de Mycènes, les statuettes cycladiques épurées, puis de nombreuses statues et des stèles en relief avec des scènes, provenant de palais de temples et de cimetières, des bronzes de toutes tailles (du mini cheval de qq mm à celui en taille réelle), des vases, amphores et cratères de toutes tailles, décors et époques; ceci plus une ou deux expos temporaires (Egypte ancienne et donation d'une collection particulière).
musée Benaki 6 € , gratuit le jeudi, fermé mardi, 3 heures sur nos jambes, pause d'1/2 heure exclue, ;période antique, très belle collection d'oeuvres de la période chrétienne et byzantine, encore plus riche art religieux et profane de la période turque: arts décoratifs, tissus, vêtements, pièces de réceptions, bijoux, quelques aspects historiques sur les guerres de libération (autour de 1823) et de la 1ère guerre mondiale
Ces 2 musées, ainsi que les suivants, nous ont montré que la Grèce (et Chypre) s'inscrit véritablement dans l'histoire de l'humanité, notamment par la proximité de certaines pièces avec les objets pré-colombiens (poteries et ors), chinois (bronzes et poteries très anciennes), islamiques et indiennes (tissus, bijoux et travail du métal, etc.) et turco-slaves (arts décoratifs, objets usuels, vêtements, etc.). Ceci, qu'il y ait donc eu ou non contact et influence croisée avec d'autres civilisations et cultures. Ne dit-on pas que l'art bouddhique afghan et de l'Indus est inspiré des canons grecs relayés par les armées d'Alexandre le Grand?
Donc les autres visités, qui selon l'expression du pneu vert auvergnat "mérite un détour" (soit 2 étoiles), même si c'est tout droit:
musée grec d'art populaire: 2 € dans le quartier Plaka: des tissus finement brodés, des traditions (marionnettes, carnaval), un peintre naïf, une expo temporaire sur une île hors circuit du sud est égéen, dont les pièces principales des habitations pourraient faire croire que certaines connues sont vides, tellement les murs sont décorés (assiettes, pichets, portraits, etc.)
le musée des Cyclades et de l'Art grec ancien 5 €, avec une expo temporaire d'un chauffeur d'ambassade grec, né en 1912 (de mémoire) et ayant toujours vécu à Moscou, devenu galeriste des principaux peintres russes pas dans la ligne du parti et expulsé en 1977 avec seulement une partie de son fonds
le musée byzantin et chrétien 4 € qui, au delà des oeuvres représentées, explique l'évolution (la base gréco-romaine, la partition de l'empire romain, l'intégration du christianisme, les querelles sur les icônes, la diminution et la partition progressives du territoire d'origine, du fait des attaques des voisins, ainsi que des Francs et des Italiens lors d'une croisade du 12e s., jusqu'à la chute finale de Constantinople (1453).
ces deux derniers sont en effet tout droit après le musée Benaki. En revanche, il faut faire un détour pour voir le musée des bijoux Ilias-Lalaounis 4€ gratuit mercredi, dont les collections à thème (grecs, autres civilisations, nature, science) s'étalent des années soixante jusqu'à notre époque. Le bijou traditionnel (des différentes provinces) , comme moderne n'a pas peur de s'étaler sur tout le devant des dames: en plus des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles, des ceintures avec des ronds grands comme des ronds de verre, mais en argent, des véritables plastrons pour dames. De quoi affoler les portiques de sécurité.
Plus contemporains aussi d'autres musées, malheureusement fermés lors de notre passage. Petite chasse aux églises (moins d'une quinzaine) où il faut viser l'ouverture.
Le centre d'Athènes est loin d'être homogène; les quartiers:
- Kolonaki, entre Parlement et colline du Lycabette est un peu le Neuilly Auteuil Passy (Napy) avec de bons apparts et des boutiques de luxe
- Plaka, adossée à la colline de l'Acropole, moins pleine et mieux chaulée que dans notre souvenir, ne comprend que 2-3 artères de magasin les vendant, le reste est plus charmant.
- Psiri et Omonia débordent de grossistes et de demi-grossistes par spécialité (boutons et poignées de porte, jamais vu une telle concentration de magasins avec des poubelles de sdb et des balais wc orange, ((en France, c'est plutôt le téléphone)), d'importateurs de chinoiseries, etc. . Les immigrés d'Afrique Noire, d'Asie Centrale, du sous continent indien, voire turcs ou slaves etc. ont dû trouver là un accès plus facile pour n'être visible dans les rues secondaires le soir. Un Ministre de l'intégration ou de l'intérieur français s'épongerait encore plus qu'à la Goutte d'Or parisienne. Les Halles, début du 20e s., essentiellement viandes et poissons, pourraient sortir d'un film, vu la plastique des chairs, des étals et des gens.
- Gazi et son ancienne usine à gaz transformée et ses entrepôts transformés en galeries ou en cafés.
Le style d'architecture des quartiers, est plus raisionné, sec que corinthien, pour une ville qui a beaucoup cru au 19e et surtout au 20e s. : retour des exilés forcés d'Asie Mineure après 1922, exode rural. Et partout, de temps en temps, une église ancienne (11-13e s) au toit de tuiles bombées et en croix grecque, avec des murs sombres peints de fresques à demi visibles sur toute la hauteur, le ciel avec le Christ au sommet, des icones, dont de nombreuses argentées où seules la tête des saints est apparente, des églises plus récentes (20e s.) où le pope est là pour la musique.
Bien que la langue locale soit musicale, l'anglais convient pour les cafés hôtels restaurants, musées et transports de la cité.
En résumé, si vous passez par là, n'écoutez pas forcément par les blasés et les anciens qui vous disent que la Turquie c'est la Grèce en mieux et qu'Athènes périclite. Laissez vous redécouvrir l'Hellène qui depuis troie ans /en a gagné en charmes.
rédigé juillet 2008